C/2012 S1 (Ison) : La comète avec un I comme Icare

Depuis le 1er Janvier 1995, l'Union Astronomique Internationale (UAI) et le Minor Planet Center (MPC) ont la charge d'une nouvelle nomenclature officielle pour désigner les comètes. Ce nouveau système est similaire au système existant pour les astéroïdes. La nouvelle comète est baptisée d'un nom provisoire qui suit les règles suivantes :

la comète C2012 S1 (ISON)   Le 24 septembre 2012, les astronomes Vitali Nevski et Artyom Novichonok annoncent la découverte d'une nouvelle comète. Cette découverte à pour origine un cliché pris automatiquement 3 jours auparavant depuis un télescope de 40 cm localisé près Kislovodsk, en Russie, et appartenant au réseau ISON (International Scientific Optical Network). Cette comète est donc baptisée C/2012 S1 (Ison). Tout comme ce fut le cas pour la comète C/2011 L4 (PANSTARRS), c'est le nom d'un système de détection automatique qui est associé au nom officiel de la comète, plutôt que le nom d'un ou plusieurs astronome(s).

  Au moment de sa découverte, la comète C/2012 S1 (Ison) est un astre plutôt discret, de magnitude 19, et localisée dans le ciel dans la constellation du Cancer. Des observations ses multiplient alors, à plusieurs jours d'intervalle, afin d'étudier son déplacement dans le ciel et de déterminer les éléments orbitaux de la comète. C'est au regard des premiers resultats obtenus que la comète, en plus d'être déjà éclairée par le Soleil, va se retrouver rapidement sous les projecteurs des médias.

  Il apparait en effet que son orbite est quasiment parabolique. Cela implique que cette comète, originaire du nuage de Oort, viendrait pour la première fois à proximité du Soleil. Une comète toute neuve, qui n'a jamais vu se volatiliser ses composants à l'approche d'un astre chaud, et qui pourrait alors dégazer copieusement à proximité du Soleil.

  Cette approche, fixée à la fin du mois de novembre 2013, aurait lieu à moins de 2 millions de km de notre étoile, ce qui multiplierait alors le volume de matière arrachée au noyau de la comète par chauffage. Deux possibilités sont alors à envisager : dans le meilleur des cas elle pourrait développer une magnifique queue visible à l'œil nu, dans le pire des cas elle pourrait être complètement volatilisée lors de son survol du Soleil, de la même manière que la comète C/2010 X1 (Elenin) a été victime d'une éruption solaire qui lui a été fatale le 20 août 2011, disloquant son noyau en plusieurs morceaux trop petits pour être visibles.

  Ce qui survivra de la comète C/2012 S1 à ce survol en rase-mottes du Soleil passera au plus près de la Terre fin décembre 2013.

  Autre information notable, l'orbite de C/2012 S1 ressemble étrangement à celle de la Grande Comète de 1680, un membre célèbre du groupe de Kreutz qui fut visible à proximité du Soleil avec une magnitude de -18 !

  L'image composite ci-dessus a été réalisée à partir de photographies prises par le télescope spatial Hubble (Wide Field Camera 3) le 30 avril 2013. Les étoiles et les galaxies que l'on y voit ont été photographiées séparément, et l'aspect légèrement flouté de la comète est dû à son mouvement relatif.

  Le télescope Spitzer a également observé la comète le 13 juin dernier, à différentes longueurs d'onde dans l'infrarouge, alors qu'elle était encore à 550 millions de kilomètres du Soleil, entre Saturne et la ceinture d’astéroïdes. Ses mesures démontrent clairement que l’activité actuelle de la comète repose sur l’émission d’environ 1 000 t de gaz carbonique et 54.400 t de poussières chaque jour. Comme attendu, c’est le dioxyde de carbone qui se dégage en majorité. Lorsqu’Ison sera plus proche du Soleil, une fois passée la "ligne de glace", de la vapeur d’eau remplacera le CO2 comme moteur principal de l’activité comètaire.

  En novembre 2013, après plusieurs mois de calme, ISON se réveille enfin et devient plus brillante chaque jour. Une explosion géante, due au réchauffement par le Soleil, a été identifiée sur le noyau de la comète le 14 novembre. La quantité de gaz et de poussières éjectés dans l'espace a été multipliée par un facteur de dix. Dès le 19 novembre 2013, un nouveau sursaut a été observé. Beaucoup d'astronomes ont alors cru que le noyau s'était fragmenté. Cependant, depuis, aucun noyau secondaire n'a encore été détecté. ISON est maintenant suffisamment lumineuse pour être vue avec une paire de jumelles, voire à l'oeil nu, dans le ciel du matin vers l'Est. Elle pourrait devenir une très belle comète en décembre, mais il est encore trop tôt pour dire si son noyau ( dont la dernière estimation de la taille est de moins de 5 km, ou 3 miles) va survivre au 2700°C de son survol du Soleil. Et c'est après le périhélie, le 28, que l'on peut espérer le plus beau spectacle à l'aube.

A propos du Nuage de Oort :
  Jan Hendrik Oort et Adrianus van Woerkom développèrent en 1950 une théorie selon laquelle il existerait un véritable nuage cométaire intersidéral. A partir de l'histogramme de l'inverse des distances moyennes au Soleil des orbites de 19 comètes à très longue période, Oort constata qu'un maximum se dessinait pour des distances de l'ordre de 20 000 à 100 000 unités astronomiques, et donc qu'il existait probablement aux confins du système solaire une vaste sphère de noyaux cométaires : "le nuage de Oort". Les calculs, repris par Brian Marsden, sur quelques 200 comètes aux orbites très allongées, confirment, vers la fin des années 70, la théorie de Oort. Sous l'effet de perturbations gravitationnelles induites par des étoiles voisines, certains noyaux cométaires sont éjectés hors du système solaire, tandis que d'autres, au contraire, sont précipités vers l'intérieur, et deviennent observables.

  Les comètes telles que C/2012 S1 (ISON) et C/2011 L4 (PANSTARRS) offrent aux astronomes une rare opportunité d'étudier leur composition qui date du début de la formation du système solaire.

C/2012 S1 (ISON)
Date de passage au périhélie T 28/10/2013
(28,77518 TT)
±0,00001 TT
Argument de la latitude du périhélie
angle compris entre la direction du noeud ascendant et la direction du périhélie
ω 345,5643197° ±0,0005113°
Longitude du noeud ascendant
mesurée depuis le point vernal √ jusqu'au noeud ascendant
Ω 295,6530584° ±0,0005676°
Inclinaison
de l'orbite sur l'écliptique, plan de référence
i 62,3980848° ±0,0017571°
Distance au périhélie q 0,0124449 ua ±0,0000004 ua
Excentricité de l'orbite
rq : circulaire (e=0),
elliptique (0<e<1),
parabolique (e=1)
ou hyperbolique (e>1)
e 1,0000017 ±0,0000127
Inverse du demi grand axe
(pour les comètes non périodiques, avec e≥1)
z -0,0001356 ua-1 ±0,0010196 ua-1
(éléments déterminés à partir de 5784 observations réparties entre le 28 décembre 2011 et le 2 novembre 2013, source IMCCE)

datemagnitude noyaumagnitude totale
21/11/2013 7,3 2,0
22/11/2013 7,1 1,6
23/11/2013 6,9 1,1
24/11/2013 6,6 0,6
25/11/2013 6,3 -0,1
26/11/2013 5,9 -1,0
27/11/2013 5,3 -2,3
28/11/2013 4,0 -4,8
29/11/2013 2,1 -8,8
30/11/2013 4,7 -3,5
01/12/2013 5,5 -1,7
02/12/2013 6,0 -0,7
03/12/2013 6,3 0,0
04/12/2013 6,5 0,6
05/12/2013 6,7 1,0
06/12/2013 6,8 1,4
07/12/2013 7,0 1,7
08/12/2013 7,0 2,0
09/12/2013 7,1 2,2
10/12/2013 7,2 2,4
11/12/2013 7,3 2,6
12/12/2013 7,3 2,8
13/12/2013 7,3 2,9
14/12/2013 7,4 3,0
15/12/2013 7,4 3,2
16/12/2013 7,4 3,3
17/12/2013 7,4 3,4
18/12/2013 7,5 3,5
19/12/2013 7,5 3,6
20/12/2013 7,5 3,7
25/12/2013 7,7 4,1
31/12/2013 8,0 4,8
05/01/2014 8,5 5,5
10/01/2014 9,0 6,2

Dernières comètes célèbres
Date Dénomination Numéro magnitude
2020 NEOWISE C/2020 F3 1
2013 Pan-STARRS C/2011 L4 -0,4
2007 McNaught C/2006 P1 -5,5
1996 Hale-Bopp C/1995 O1 -0,8
1996 Hyakutake C/1996 B2 -0,5
1986 Halley 1P/1982 U1 ?
1976 West C/1975 V1 -3
1973 Kohoutek C/1973 D1 -3
1965 Ikeya-Seki C/1965 S1 -10
1882 Grande Comète de Septembre C/1882 R1 -10
1743 Comète Klinkenberg-Chéseaux C/1743 X1 -7
1769 Messier C/1769 P1 -6
1680 Grande Comète de 1680 C/1680 V1 -18?

Carte du ciel avec la comète ISON pour Thiviers :

comète panstarrs le 17 mars 2013 à 20h09 - Courson-Monteloup (91)
Ci-dessus la comète panstarrs photographiée le 17 mars 2013 par le club Regulus.
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